Sur les traces d’Hannibal…
Vers l’an 218 avant J-C, le général carthaginois Hannibal Barca débarque en terre ibérique, puis longe la côte, passe les Pyrénées et arrive en Gaule. À mi-distance, il bifurque et remonte la vallée du Rhône afin d’éviter tout contact avec les légions romaines présentes dans le sud de la Gaule. Quelques jours plus tard, il se trouve au pied des Alpes avec ses 38 000 fantassins, 8 000 cavaliers et 37 éléphants, Hannibal. La suite est connue et appartient à l’histoire…
Alors qu’il se trouve en France, Richard Halliburton écrit une lettre à ses parents. Il remet à plus tard son retour à Memphis et dévoile les contours de sa nouvelle aventure. Il fait part de son intention de marcher dans les pas d’Hannibal et veut passer les Alpes à dos d’éléphant. Enthousiaste, il dresse un plan et fait le tour d’horizon de ce qu’il a besoin pour mener à bien cette nouvelle entreprise. Adolescent, Halliburton avait muri une passion pour les grandes figures qui ont marqué l’histoire. Ulysse, César, Alexandre, Cortés, Napoléon…
Hannibal occupait une place de choix dans le panthéon personnel de l’écrivain de Memphis. Hannibal est un personnage qu’il avait étudié bien avant de mettre les pieds à Princeton.
Au tout début de son entreprise, Halliburton se concentre sur la possibilité de trouver un éléphant. Il se rend dans un zoo de la capitale et observe les pachydermes disponibles. Halliburton entame des discussions avec les propriétaires des éléphants qui sont séduits par l’initiative de l’écrivain, mais rapidement,
Halliburton comprend que ses interlocuteurs ne sont pas prêts à laisser un de leurs éléphants à disposition sans une forte rétribution. Finalement, Halliburton laisse tomber et se tourne vers le jardin d’acclimatation où il découvre une jeune éléphante.
Doutes
Lors d’un test sur route, Halliburton découvre que Dally est un peu flemmarde et n’en fait qu’à sa tête, ce qui a le don de refroidir Halliburton. L’ancien élève de Princeton décide de faire le tour des zoos et se rend en toute fin d’année en Allemagne, notamment. Là encore, il est déçu et ne trouve pas ce qu’il désire.
L’année suivante, il délaisse son projet initial et part pour l’Afrique. Il se rend en Abyssinie pour interviewer l’empereur d’Éthiopie, Hailé Sélassié, trop heureux d’être sollicité par la star du journalisme américain.
Conversation
De retour à Paris, il retourne à son premier choix. Selon ses dires (il y a du vrai) il a une conversation sérieuse avec Dally. Les deux protagonistes trouvent un terrain d’entente et les choses se décantent. Un camion, de la nourriture abondante et ce qu’il faut pour soigner Dally et de quoi faire la toilette pour Halliburton et ses deux compagnons, le chauffeur et le dresseur qui l’accompagne dans son aventure. Halliburton reçoit l’autorisation des autorités suisses et italiennes pour réaliser son entreprise. Il sollicite l’Associated Press et la Fox pour couvrir partiellement l’évènement.
Halliburton a tracé une route en se référant à la marche d’Hannibal et ne perd pas son temps en palabre et réflexion inutile, car l’ensemble des historiens qui ont travaillé sur la question de l’itinéraire emprunté par Hannibal et son armée ne s’accorde pas entre eux. Halliburton tranche dès le départ et choisit comme option de passer par le col du Grand-Saint-Bernard, plus élevé que ce qui est préconisé par les historiens les plus pointus sur la question.
Halliburton abandonne l’idée de partir de Montreux. Le col du Grand-Saint-Bernard est trop loin. Le 19 juillet 1935, Halliburton, Dally et leurs deux accompagnateurs quittent Martigny, direction la montagne. Durant leur trajet, ils ne sont pas seuls. Une cohorte de curieux salut les deux vedettes et d’autres gens les suivent durant un temps sur les trajets empruntés. C’est une occasion aussi pour Roger Frison-Roche, employé du Petit Dauphinois, de couvrir cet évènement.
Parti de Martigny, passé par Orsiere et Liddes, c’est avec un certain soulagement que Richard Halliburton arrive au col du Grand St-Bernard à 2469 mètres d’altitude et congratule Dally, une éléphante qu’il a dénichée au jardin d’acclimatation à Paris. Halliburton et Dally ont vaincu le col du Grand-Saint-Bernard. Une journée de repos et les deux vedettes aidées par deux compagnons de route entreprennent la descente vers Turin.
Une fois en Italie, Halliburton abandonne l’idée d’aller jusqu’à Rome en fonction de l’état de santé de Dally. Halliburton et Dally sont accueillis avec ferveur par des milliers de personnes à Turin. Peu après, l’ensemble rentre à Paris. Juste le temps pour Halliburton de rentrer chez lui et de préparer un nouveau projet…